Recevoir de l’aide pour un trouble alimentaire: comment s’y retrouver?

Prendre conscience de vivre avec un trouble alimentaire est un moment excessivement confrontant pour plusieurs. Accepter et se donner le droit de recevoir de l’aide en est un autre. Cela peut être très anxiogène de ne pas savoir exactement par où commencer, vers quel service se diriger. Dans ce billet de blogue, nous allons tenter de présenter les différentes avenues qui peuvent s’offrir aux personnes souffrant de près ou de loin par la maladie.

Mention importante…

Il n’y a pas nécessairement un service que nous considérons ‘meilleur’ qu’un autre. Chaque individu est maître de son cheminement et peut décider, selon ses besoins, ce qui correspond mieux à ce qu’il recherche. Il est essentiel de s’informer, de poser des questions sur les modalités de traitement, sur les valeurs et philosophies d’intervention des différentes ressources nous intéressant pour faire le choix le plus éclairé possible. Vous avez le droit de savoir exactement dans quoi vous vous embarquez. Par exemple, selon notre budget et capacité financière, notre capacité à tolérer un certain délai d’attente, le type de thérapie qui nous convient, certains services pourraient s’avérer plus bénéfique que d’autres. Bref, chaque situation est unique.

Le milieu communautaire ( les services de première ligne)

Les organismes communautaires peuvent offrir des services spécialisés à prix modique ou même sans frais. Celà devient une option plus qu’intéressante pour pallier à l’attente dans le réseau public par exemple. ANEB, la Maison l’Éclaircie, le Service Populaire de Psychothérapie (de Laval), Arrimage Estrie, Anorexie Boulimie Saguenay et Eki-Lib Santé Côte-Nord en sont des exemples. Pour avoir accès aux coordonnées des ressources nommées plus-haut, veuillez vous diriger ici.

Par exemple, il n’est pas nécessaire d’avoir un diagnostic officiel ou une requête médicale pour avoir accès aux services d’ANEB. Toute personne ayant des enjeux d’image corporelle ou des préoccupations en lien avec l’alimentation peuvent contacter l’équipe. L’entourage peut également bénéficier de nos services. Nous offrons de l’aide ponctuelle. Il est à noter que nous n’offrons pas de suivi. Que ce soit par le biais du service de texto, clavardage, ligne d’écoute ou groupe de soutien, l’équipe est formée pour accompagner la clientèle.

Il est aussi possible de recevoir le soutien d’un.e intervenant.e par le biais d’Info-Social (811, option 2). Selon votre situation, l’intervenant.e pourra vous diriger et/ou vous référer vers le service le plus approprié pour vos besoins, vous donner quelques conseils en lien avec une problématique en santé mentale, répondre à vos questions et ce, 24h sur 24h. Si vous vous inquiétez de certains comportements alimentaires, vous pourriez contacter Info-Santé (811, option 1) pour discuter avec un.e infirmier.ère.

Les services hospitaliers (et services qui y découlent)

Au Québec, il existe des services spécialisés pour le traitement des troubles alimentaires, par le biais de suivis hospitaliers (à l’interne et à l’externe). Par exemple, l’Institut universitaire en santé mentale Douglas comportant la clinique des troubles de l’alimentation. Pour la population de 18 ans et plus, et avec une référence médicale obligatoire en main, il est possible de bénéficier de divers services comme d’un programme de jour, d’un suivi externe et plus encore. À la clinique externe, il est possible de bénéficier de thérapie individuelle, de couple, familiale, nutritionnelle etc. Pour le programme de jour, la  durée est de 8 semaines. Celà consiste en une thérapie de groupe structurée pour les personnes souffrant d’un trouble alimentaire nécessitant un plus grand encadrement que ce que propose le suivi externe (clinique). Les participant.e.s du programme préparent et mangent ensemble. Une des particularités du Douglas, et le seul en son genre au Québec, est d’offrir ce qu’on appelle communément l’hôpital de jour. C’est une option intéressante pour la clientèle ne nécessitant pas une surveillance la nuit, mais qui ont tout de même besoin d’un traitement intensif. C’est une avenue intéressante pour ceux et celles terminant leur hospitalisation. En dernier recours, pour les personnes dont les complications liées à la maladie sont trop sévères et pour qui le traitement (thérapie) ne suffit pas,  une unité d’hospitalisation fait également partie des services divers de l’Institut. Il est important de savoir que le Douglas tend à travailler beaucoup plus à partir de sa clinique externe qu’à chercher l’hospitalisation. On veut aider la clientèle à conserver ses acquis et à demeurer dans leur environnement.

Pour les personnes mineurs, la clinique de médecine de l’adolescence du CHU Sainte-Justine et l’hôpital de Montréal pour enfants existent aussi pour soutenir toute la famille.

Les ressources au privé

Au Québec, il existe des cliniques privées spécialisées pour le traitement des troubles alimentaires. Une équipe multidisciplinaire travaille de concert pour aider la personne souffrant d’un TA. Sexologue, médecin, psychologue, nutritionniste, travailleurs sociaux, psychothérapeutes peuvent y travailler. Plusieurs thérapies existent pour le traitement des TA. Entre autres, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) qui aide à faire le lien entre nos comportements, nos pensées, nos émotions et nos sentiments. Par exemple, la TCC sert, entre autres, à déconstruire les schémas de croyances erronées: fausses croyances sur l’alimentation, le rapport au corps, au poids, à l’apparence etc. Certaines cliniques privilégient aussi l’approche de l’alimentation intuitive pour retrouver une relation plus saine et bienveillante envers la nourriture et le corps. Quelques principes de bases sont, entre autres, à rejeter la culture des diètes, être à l’écoute des besoins de son corps (physiologique), découvrir peu à peu le plaisir de manger, valider et vivre ses émotions dans la bienveillance et plus encore. Une autre thérapie fort utilisée dans le traitement des troubles alimentaires se nomme la Family-Based Treatment (thérapie basée sur la famille). Le principe de base étant que la famille joue un rôle clé dans le processus de rétablissement de l’enfant. Le parent est vu comme un allié qui possède des compétences et des ressources pour aider le jeune à se réalimenter progressivement.

En conclusion, ce qu’il faut comprendre est que les personnes souffrant de près ou de loin par la maladie ne sont jamais seules! Faire le premier pas est difficile, confrontant, exigeant, mais plusieurs intervenant.e.s du domaine de la santé sont disponibles pour accompagner leur clientèle selon leurs besoins et leur rythme.

Karine Pendleton, intervenante au volet éducation et prévention chez ANEB.