Une histoire de funambule…
Quand je ferme les yeux et que je réfléchis au thème d’équilibre, je vois un funambule. Cette image est particulièrement puissante parce qu’elle nous rappelle que pour exister, l’équilibre a besoin d’un poids autant à gauche qu’à droite. Que c’est cette harmonie qui nous permet de rester en équilibre, de ne pas tomber. Par contre, un funambule est rarement complètement stable. En avançant, la vie l’amènera à pencher un peu plus à gauche, un peu plus à droite… Ce déséquilibre, normal, mais surtout nécessaire, l’amènera à se rééquilibrer en contrebalançant.
Accepter d’être en mouvement pour garder son équilibre, accepter de pencher à gauche afin de contrebalancer à droite, c’est tout un apprentissage. Qui plus est, cette acceptation n’a d’autre choix que de passer par la connaissance de soi, l’écoute de ses besoins, et les comportements à développer afin d’y répondre pour prendre soin de soi.
Quand il penche à droite, le funambule doit :
- Accueillir ce débalancement
Le déni l’amènerait tout simplement à pencher de plus en plus pour finalement tomber… - Comprendre ce qui l’a fait pencher
Pourquoi ai-je autant penché? Pourquoi à cet endroit précis? Quels sont les événements déclencheurs?
- Mettre en place un contrepoids afin de se rééquilibrer
Quels comportements me permettront de me redresser? Quels sont mes besoins?
Aussi, il doit être conscient que son contrepoids pourra ne pas être exact, et qu’il devra donc réessayer. Des facteurs extérieurs sont incontrôlables, et il se sait très bien… Il doit donc se permettre d’apprendre, tout en avançant.
J’entends souvent « dites-moi ce dont j’ai besoin pour atteindre mon équilibre! » ou encore « que dois-je faire pour atteindre mon équilibre? ». La réponse est souvent difficile à entendre… Je n’en ai aucune idée! Tout le monde est différent. Tout dépend de ce qui cause le déséquilibre. Alors on en revient à soi. C’est la porte d’entrée : s’écouter. Apprendre à répondre à ses besoins.
Comment devenir un bon funambule ?
Prendre soin de soi, c’est se donner une place, une importance. Accepter d’avoir des besoins, qu’on peut parfois ne pas comprendre. Accepter d’avoir des émotions, et les accueillir, encore une fois même si on ne les comprend pas toujours. L’équilibre, c’est d’accepter que parfois, nos attentes ne sont pas atteintes. Accepter de prendre des pauses. Accepter de ne pas rentrer dans le moule.
Chez les personnes qui souffrent de troubles des conduites alimentaires, les déséquilibres les plus souvent rapportés font généralement référence à des besoins méconnus, des besoins que la personne n’est pas habituée d’écouter. Ce peut être un besoin de base (manger, dormir), mais aussi un besoin psychologique (être entourée, être valorisée, s’accomplir et se développer). Autant les émotions agréables signifient souvent qu’un de nos besoins a été comblé, autant le corps peut aussi utiliser les émotions désagréables pour nous faire comprendre qu’un besoin n’est pas satisfait. La peur, la tristesse, le dégoût, la colère… toutes les émotions présentes essaient de nous faire entendre un message.
Je vous propose donc une petite réflexion. Une seule question à se poser. Qu’est-ce que mon corps essaie de me dire? La réponse peut être difficile à énoncer, aussi il est important de ne pas rester seul-e dans cet apprentissage. Par contre, avec la pratique, ce raisonnement deviendra plus automatique. Plus facile.
Votre corps est l’outil le plus précieux dont vous disposez. Écoutez-le. Il vous parle… Et une chose extraordinaire se produira lorsque vous réussirez à écouter son message : vous retrouverez votre équilibre.
Marie-Michèle Ricard, M.Sc., Ps.Éd., Psychoéducatrice, psychothérapeute
Co-fondatrice Imavi