Soutenir son proche vivant un trouble alimentaire, au-delà des idées préconçues

Il est maintenant clairement établi : le trouble de conduites alimentaires peut se développer chez n’importe qui. Peu importe l’âge, le genre, l’ethnicité, la culture, la morphologie, l’orientation sexuelle, les aptitudes neurodéveloppementales, etc. Cependant, cette information n’empêche pas l’image mentale automatique de la femme caucasienne, jeune et très mince qui apparait en tête de plusieurs. Pourtant, celle-ci s’éloigne de plusieurs personnes vivant un TCA et il faut y remédier.

Démystifions tout d’abord ce qu’est le TCA. Il s’agit d’un trouble de santé mentale apportant une souffrance significative au niveau des habitudes alimentaires et de l’image corporelle (APA, 2015). Les causes sont multifactorielles, c’est-à-dire que plusieurs facteurs prédisposant et précipitant la présence du TCA existent. Pour n’en nommer que quelques-uns, le TCA peut survenir suite à ; un événement traumatique, des commentaires sur le poids, un sentiment d’isolement, la présence du TCA dans la famille (par génétique et apprentissage), les croyances sociétales liant la minceur au bonheur, une faible estime de soi, une éducation axée sur la culture des diètes, la présence d’autres troubles de santé mentale, etc. Plusieurs facteurs sont en jeu.

Il est donc possible que quiconque dans votre entourage puisse développer un TCA au courant de leur vie : votre garçon, votre oncle homosexuel, votre amie ayant un problème neurodéveloppemental, votre grand-mère de nationalité chinoise, votre collègue mince ou votre collègue gros, etc. L’ouverture d’esprit et l’accueil sont donc des éléments nécessaires à prioriser lorsque votre proche se confie sur ses difficultés alimentaires ou d’image corporelle.

Nous vous recommandons les attitudes suivantes afin de mieux soutenir votre proche dans sa recherche d’aide :

  • Ne pas remettre en question les confidences, mais plutôt les questionner avec douceur dans le but d’approfondir votre compréhension de la situation. Un ton accusateur et sceptique est peu invitant à se confier;
  • Prendre conscience de vos stéréotypes, préjugés et croyances (puisque tout le monde en possède) et ne pas agir automatiquement sous l’influence de ceux-ci;
    • Nous vous invitons à consulter notre guide d’activités 2023 sous le lien à la fin de l’article afin de prendre connaissances des différentes fausses croyances envers le TCA.
  • Demander directement à la personne si vous pouvez l’aider dans sa démarche et lui demander des détails à comment le faire;
  • Respecter le rythme de la personne, car tous vivent le processus de rétablissement différemment;
  • S’exprimer au «je» et respectueusement si certains comportements vous blessent ou si vous avez des questions sur la situation;
  • Respecter votre propre rythme également. Si vous n’êtes pas assez outillés pour faire face au TCA, expliquez à la personne votre besoin de prendre du temps pour vous informer avant de l’accompagner. Il peut parfois être un choc d’apprendre sur la souffrance d’un proche aimé, donc permettez-vous un moment pour vivre le processus.

Rappelez-vous que votre vécu du TCA est tout aussi important dans le rétablissement que les démarches effectuées par votre proche. Avec bienveillance et ouverture, celui-ci gagne en force contre le TCA.

Des activités de réflexions et la liste de ressources se trouvent sur le site de la Semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires afin de vous aider dans votre parcours.

Élisabeth Nolan, intervenante sociale à la Maison l’Éclaircie

Sources

American Psychiatric Association (APA). (2015). Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. (5e ed.).