Salut, moi c’est l’Imposteur! Du moins, c’est comme ça que je me sentais au début de mon parcours à l’Éclaircie. Je me sentais très coupable d’avoir été acceptée pour faire partie d’une cohorte, car je me disais que je « volais » la place de quelqu’un qui en avait plus besoin que moi.
En effet, je n’ai pas une histoire de vie hyper dramatique qui mériterait d’être adaptée au cinéma. Mes parents ne sont pas morts dans un crash d’avion quand j’avais 5 ans et je n’ai pas été élevée par des animaux dans la jungle. Je suis une fille normale avec une vie normale. J’ai des amies. Des parents compréhensifs. Deux petites sœurs aidantes. Des bonnes notes à l’école. Un travail agréable. Où est le problème?
Ça m’a pris du temps avant de me rendre compte que mes comportements alimentaires étaient problématiques, parce que je me comparais sans cesse aux autres et je me disais que j’exagérais, que j’étais dramaqueen, que ce n’était pas si pire. Je ne ressemblais pas aux images de l’anorexie véhiculées par les médias : mes os n’étaient pas saillants sous ma peau, je ne me nourrissais pas exclusivement d’eau et de céleris et je ne me pesais pas 10x par jour, je n’étais donc pas anorexique !!
J’avais tort. Les troubles alimentaires sont insidieux et sournois. Ils ne sont pas toujours évidents à déceler, mais chose certaine, c’est qu’ils n’ont pas besoin de correspondre à une étiquette particulière pour être dévastateurs. Peu importe les formes et les caractéristiques que prennent les troubles alimentaires, ils sont tout aussi sérieux les uns que les autres! Tu n’es pas moins malade qu’un autre parce que tu n’utilises pas de moyens compensatoires après avoir mangé, que tu prends trois repas par jour, que tu commandes du restaurant régulièrement, que tu ne te pèses pas quotidiennement… Les manifestations du trouble ne définissent pas sa gravité! Ton mal être n’est pas moins important parce qu’il est moins flagrant aux yeux des autres ou aux tiens!
Je me sentais imposteur, mais j’ai fini par comprendre que j’avais autant besoin d’aide qu’un autre. Continuer sans cesse de me convaincre du contraire me prenait énormément de temps et d’énergie. Du temps et de l’énergie que j’aurais pu mettre dès le début dans mon rétablissement. Le meilleur cadeau que je me suis fait à moi-même, ce fut de me lancer dans le processus de rétablissement à 100% et de me croire dans ma maladie. La Maison l’Éclaircie a été là pour moi à chaque étape, j’ai pu progresser à mon rythme. Quand j’avais des « récidives » de mon syndrome de l’imposteur (par exemple, quand je trouvais que je me rétablissais trop vite comparée aux autres), je me rappelais que le processus de guérison est unique à chacun, et que c’était simplement une chance que j’avais de me remettre sur pied plus rapidement. La reconnaissance m’a amené bien plus loin que la culpabilité, et je suis très fière de pouvoir dire que je suis complètement rétablie aujourd’hui!
Je ne suis plus l’Imposteur, je suis Ève!
Participante de la Maison l’Éclaircie ayant terminé sa démarche