Toute ma vie, j’ai toujours senti que j’étais en déséquilibre. Qu’il avait quelque chose de pas normal avec moi. Malgré mes circonstances familiales particulières ou même mon orientation différente des autres quelque chose en moi clochait. Dès un jeune âge, je me suis intéressé à plusieurs domaines de croissances personnelles, que ce soit l’ésotérisme ou la métaphysique, mais rien ne remplissait se vide au fond de moi. Ce trou ne fut jamais comblé, ni même identifier ce qui ma amener une relation difficile avec mon corps.
Dans la communauté LGBTQ+, j’ai eu une expérience négative. Je ne faisais pas partie des stéréotypes gais ; dû au fait que j’étais considérer gros, que j’étais en couple stable, que ma vie ne tournait pas autour du sexe. J’ai vu un côté froid, méchant, superficiel, matérialiste et d’âgisme dans cette communauté. Je peux même dire que j’ai passé une partie de ma vie sans amis LGBTQ+. Je me suis senti incompris, dans ma famille et en société en général. Partout dans les médias, le stéréotype gais était omniprésent ; toujours des mannequins au corps de dieux grecs quand on voyait des hommes gais. La pression de minceur était étouffante et pour moi cela se traduisait à : si tu veux être attirant et être aimé, tu dois maigrir !
Quand j’ai commencé le cégep, j’ai exploré ma sexualité, mais mon objectif était de me faire aimer. J’ai commencé un régime draconien où je mangeais seulement un repas par jour. J’avais des maux têtes, des étourdissements, des vertiges, mais perdais beaucoup de poids. Les gens me félicitaient, étaient heureux, impressionnés, mais je me sentais encore gros. Cela n’a pas été long que mon poids à recommencer à grimper. Année après année, mon poids a fluctué. L’estime de soi en a pris un coup et j’ai souffert de dépression longtemps.
La vie m’a donné un miracle par la rencontre de l’homme de ma vie. J’ai le privilège d’être avec lui depuis bientôt 12 ans. Nous planifions de se marier l’année prochaine au Mexique. Même en étant avec l’amour de ma vie, je continue de travailler sur moi. Mon trou, que j’appelle mon vieil ami, n’est pas parti comme par magie. L’amour ne peut pas tout guérir et tout résoudre, mais cela m’a fourni une belle stabilité.
C’est grâce à ma meilleure amie, qui a commencé à me questionner sur mes habitudes alimentaires, que j’ai découvert que certains de mes comportements alimentaires n’étaient pas sains. Je vivais une année très difficile et le trou à l’intérieur de moi c’était aggravé. Cela a été un long processus afin de réaliser que j’avais bien un trouble alimentaire. Je fais de l’hyperphagie boulimique. Enfin, j’avais un nom sur le trouble, ce trou que je ressentais à l’intérieur de moi. C’est grâce à cette amie que j’ai connu l’organisme Anorexie, Boulimie Saguenay. Je les ai contactés et j’ai rencontré une intervenante.
Je suis arrivé à cette première rencontre très nerveux et j’ai déposé ma gigantesque balle de laine toute mêlée, métaphoriquement bien sûr. Je me suis senti vu et écouté. L’intervenante m’a suggéré de participer aux ateliers de groupe et avec réticence, j’ai accepté. Cela fut une de mes bonnes décisions de ma vie. Le groupe fut le tremplin que j’avais besoin pour plonger au fond de moi. J’ai réussi à faire confiance au processus grâce au travail des intervenantes et de la nutritionniste. Le groupe avait tellement de questions, d’expériences et de mythes à vérifier, et la nutritionniste a toujours été là pour nous. J’ai créé des amitiés au sein de ce groupe de soutien et ce sont devenus des amies chers. Ce processus ma transformé. Quand j’ai débuté le processus de rétablissement, je sortais d’une période où je m’entraînais beaucoup sans plaisir et où j’avais des crises alimentaires fréquentes. Maintenant, je peux dire que cela va mieux. Mes crises alimentaires ont diminuées et je commence à mieux me connaître et mettre mes limites. J’ai encore du travail à faire, mais cela ne me décourage pas et je sais que j’ai bien grandis.
Charles, participant d’Anorexie Boulimie Saguenay