Si vous êtes une personne qui souffre d’un trouble alimentaire (TA), vous est-il parfois difficile de comprendre l’emprise que vos propres pensées et obsessions ont sur vous et pourquoi il est si difficile de vous en débarrasser ? De la même manière, si c’est une personne près de vous qui souffre d’un TA, il peut être incompréhensible pour vous, voire irritant, d’être témoin des obsessions de l’autre.
La peur
Saviez-vous qu’une personne qui souffre d’un TA n’a pas un PROBLÈME DE POIDS, mais plutôt une PEUR DE PRENDRE DU POIDS ? Cette réalité est d’ailleurs un des premiers enjeux que j’aime aborder, tant avec les personnes qui souffrent d’un TA qu’avec leurs proches. Pourquoi ? Parce que peu de gens comprennent le TA mais tout le monde connaît ce qu’est la peur et l’a déjà ressentie. Le sentiment de peur est généralement aversif et nous cherchons donc instinctivement à nous en débarrasser. Et que se cache-t-il derrière la peur? Très fréquemment une obsession…
Qu’est-ce qu’une obsession?
Une obsession n’est pas simplement une préoccupation excessive concernant un problème de la vie réelle, comme tenir à ce que notre plancher de cuisine reste propre. Une obsession est une pensée persistante, involontaire, intrusive et qui entraîne une détresse importante. Aux prises avec une obsession, une personne va habituellement chercher à la faire disparaître à l’aide d’une autre pensée ou d’une action. C’est ce qui fait que, par exemple, une personne obsédée par la peur d’être contaminée ou d’être malade va, en réaction à son obsession, se laver les mains des dizaines de fois par jour. Ce qu’il faut comprendre, dans le cas de la peur de la contamination, c’est que se laver compulsivement les mains devient alors apaisant et rassurant. Et c’est ce qui poussera une personne à devenir complètement captive de ces gestes qui, pour une courte durée, l’apaiseront et éloigneront la peur.
L’obsession et le TA
Deux des critères utilisés pour diagnostiquer un TA sont une PEUR INTENSE de prendre du poids ou de devenir gros et une OBSESSION CONSTANTE avec le contrôle du poids et de la nourriture. Pour bien comprendre l’essence du TA, nous devons regarder au-delà de l’obsession des calories. Il est vrai qu’une personne qui souffre d’un TA va, par exemple, compter les calories, se peser compulsivement, faire de l’exercice excessif et analyser scrupuleusement le contenu de ce qu’elle mange. Toutefois, une personne qui souffre d’un TA va aussi ressentir beaucoup d’anxiété et une peur paralysante à l’idée de laisser aller le contrôle… Peur de perdre pieds et risquer que tout s’effondre : le contrôle de son corps, de ses émotions et même de sa vie en général. Saviez-vous que souffrir d’un TA c’est aussi bien souvent synonyme de ressentir un très grand vide intérieur ? Un vide fréquemment décrit comme une douleur et un mal-être que les obsessions et les comportements reliés au TA permettent temporairement d’apaiser et de combler.
Finalement, plusieurs personnes aux prises avec un TA peuvent également développer d’autres types d’obsessions et faire beaucoup de ménage et de rangement, développer des rituels desquels il sera difficile de déroger ou devenir extrêmement préoccupées par des situations non reliées au TA.
Se libérer de l’emprise de l’obsession
De manière générale, il est très difficile de vaincre son TA seul. C’est pour cette raison que je vous suggère fortement de consulter un spécialiste (https:/anebquebec.com/services/ressources-par-region) qui saura vous guider et faire équipe avec vous vers la rémission de votre TA. Peut-être que les obsessions se sont immiscées au plus profond de vous-même et semblent résistantes mais, croyez-moi, il existe des moyens pour atténuer, voir faire disparaître, l’emprise qu’elles ont sur vous. Et si une personne près de vous souffre d’un TA et que ses obsessions vous semblent incompréhensibles et exaspérantes, rappelez-vous que l’on ne choisit pas d’avoir des obsessions, tout comme on ne choisit pas d’avoir un TA.
Dre Stéphanie Léonard, psychologue