Ma vision de l’équilibre
Bien que je sois diplômée en kinésiologie, ma définition de l’équilibre sportive s’est précisée avec mon expérience en plus de par ma formation. À l’adolescence, j’étais une athlète de haut niveau et une suite d’événements ont fait en sorte que j’ai quitté mon sport. Après cette retraite, j’ai vécu avec des troubles alimentaires pendant une douzaine d’années.
Pendant les troubles alimentaires, j’ai utilisé ce que je connaissais le mieux, entre autres, pour arriver à mes objectifs malsains: l’entraînement. À ce moment, j’étais persuadée que je donnais ce qu’il y avait de mieux pour mon corps. Je m’entraînais pour rester en santé. Malheureusement, j’allais beaucoup trop loin au nom de la santé.
D’abord, selon moi, la santé c’est carrément l’atteinte de l’équilibre. Et chaque personne a un équilibre qui lui est propre, en autant qu’il contribue à sa santé physique et mentale. Pour certains ce sera de faire un sport de performance mais en s’assurant aussi de faire de la flexibilité, de la massothérapie, du travail mental, être suivi en nutrition, dans le but de ne manquer de rien, d’éviter les blessures, d’être fier des résultats. D’un autre côté, quelqu’un qui ne serait jamais satisfait des résultats, aurait des objectifs démesurés ou en constante évolution est très peu sujet à atteindre son équilibre. Puis, d’autres trouveront plutôt leur équilibre dans la méditation, les recettes sophistiquées, un bon livre accompagné d’une boisson chaude le dimanche matin. Ces deux exemples sont aussi valables si la personne se sent complète et heureuse dans ce qu’elle vit.
Se sentir complet, une piste parmi d’autres
Il y a plusieurs façons d’atteindre l’équilibre dans la vie. L’une d’elle, selon moi, c’est qu’on devrait tous développer plusieurs sphères d’intérêt au cours de notre vie. La sphère personnelle, interpersonnelle, sportive, de la santé, créative, professionnelle, sociale, etc. Certains vont préférer se concentrer sur 2 ou 3 sphères à la fois, d’autres plus. L’important c’est de ne pas mettre toutes ses énergies sur la même sphère sur une trop longue période de temps.
Pour ma part, en période de troubles alimentaires, je mangeais en fonction de mes entraînements, je pensais à mes entraînements, je calculais mes entraînements, je me levais pour mes entraînements. Et je n’avais pas d’objectifs d’Olympiques! Je voulais seulement être en santé, la meilleure santé qui soit. Plutôt que de faire partie de mon équilibre, mes entraînements étaient plutôt devenus une obsession motivée par des objectifs malsains et irréalisables.
La sphère sportive avait pris toute la place et durant cette période, je gribouillais des calculs d’entraînements au lieu d’écouter en cours, j’allais m’entraîner quand mes amis allaient s’amuser ou alors je refusais des invitations autour de repas pour ne pas nuire à ma santé. Je ne faisais aucune autre activité que l’entraînement alors que j’adore bricoler, tricoter, lire, cuisiner, m’asseoir tranquillement dans un café et parler de la vie avec une amie.
Je ne m’en rendais pas compte, mais j’étais tout le contraire d’une personne en santé. Comme je croyais que l’entraînement allait servir au seul objectif que je m’étais fixé dans ma vie, il est devenu une obsession. Il n’y avait que la sphère sportive qui existait et j’écartais même toute possibilité de visiter d’autres sphères de ma vie, même si ces autres sphères me rendaient heureuse en temps normal.
Pourquoi plusieurs sphères d’intérêt?
Aujourd’hui, lors de mes interventions en entraînement, tant avec des gens qui veulent être en santé qu’avec des gens qui visent la performance sportive, j’introduis toujours mon idée de l’équilibre et de son bienfait dans la vie et dans les performances sportives. Pour certains, c’est d’avoir tranquillement jasé avec une amie au restaurant qui leur aura donné la motivation nécessaire de simplement continuer l’entraînement alors que pour d’autres, c’est de travailler sur un gros projet au travail qui leur aura donné la détermination nécessaire pour attaquer positivement la journée de course. D’un autre côté, d’avoir d’autres sphères d’intérêts leur permet de rester positif et de ne pas « tout perdre » lorsqu’ils se blessent à l’entraînement par exemple. Par expérience, les sportifs de performance qui accordent de l’importance à plusieurs sphères d’intérêts dans leur vie sont ceux qui performent le mieux dans le long terme. Ils ont plus d’expériences de toutes sortes qu’ils peuvent transférer dans leur sport, ils rebondissent mieux après les mauvaises performances. S’il y a un échec dans leur sport, ils ne perdent pas tout, ils ont autre chose.
Chaque sphère d’intérêts amène des expériences qui peuvent aider aux objectifs dans d’autres sphères, il est donc super intéressant pour nous et notre santé mentale d’en développer plusieurs, de ne pas se concentrer sur une seule sphère sur une trop longue période de temps. Alors, quelles sphères de votre vie avez-vous envie de développer dans les prochaines semaines?
Marie-Lou, B. Sc. Kinésiologie,bénévole chez Anorexie et boulimie Québec (ANEB)
ANEB et La Maison l’Éclaircie offre une séance de clavardage (chat) ce soir, 7 février 2017, de 19 h à 21 h, sur le thème « L’obsession détruit; l’équilibre nourrit ».
Pour plus d’infos et pour participer, à 19 h: https://anebquebec.com/services/aide-en-ligne/clavardage