Cette voix critique que je ne saurais taire…

Cette voix… 

Oui, celle-là. 

Celle qui parle, souvent. 

Celle qui parle, fort. 

Celle que tu tentes d’éviter en faisant comme si tu ne l’entendais pas. 

Elle trouve souvent le moyen de se frayer un chemin parmi tes pensées et d’y réapparaître toujours plus forte. 

Tu sais de quelle voix je parle ?

Je la nomme « la petite voix fatigante ».

Elle n’est jamais contente. 

Rien n’est jamais assez. 

« Ne mange pas ça »

« Ne fais pas ça »

« Tu n’es pas assez bonne »

« Tu es grosse »

« Tu n’y arriveras pas »

Cette voix active des émotions qui peuvent être difficiles à ressentir, difficiles à tolérer, difficiles à gérer. Si tu écoutes « la petite voix fatigante » et fais ce qu’elle veut, il peut arriver que les émotions désagréables diminuent, soient moins intenses et que tu ressentes un léger soulagement temporaire. 

Seulement, voici :

Elle te ment. 

Cette voix, c’est la partie critique en toi. 

La partie malade.

Elle veut te maintenir dans un cercle vicieux de comportements qui « confirment » que tu n’es pas OK, que tu dois prouver ta valeur, que tu ne peux être toi.

De toutes les parties existantes en toi, celle-ci est inutile

***

Voici quelques outils pour t’aider à y faire face : 

  1. Nomme-la

Quel nom veux-tu lui donner ?

« La petite voix fatigante », « La Fatigante », « La Critique », « La partie malade ». 

Tous les noms sont bons, en autant que ça puisse t’aider à identifier ce qu’elle représente pour toi. 

  1. Identifie-la lorsqu’elle s’active en toi

Quel est son message ?

Quelles émotions sont activées lorsque tu entends son message ?

Si c’est un message négatif, critique, méprisant ou dénigrant, c’est elle. Quand tu l’entends, arrête-toi. Puis identifie-la. 

« C’est “ La petite voix fatigante ” qui me parle »

  1. Rappelle-toi qu’elle est inutile

Lorsqu’elle est activée en toi, il peut être très gênant de départager le vrai du faux. Est-ce vrai ce qu’elle te dit ? A-t-elle raison ? Pour t’aider, rappelle-toi ceci : peu importe que ce soit vrai ou faux, c’est inutile. En d’autres mots, son message ne sert à rien. Il ne t’aide pas à cheminer et ne t’aide pas à aller mieux. 

  1. N’argumente pas avec elle

Au jeu de l’argumentation, elle est malheureusement plus forte et elle gagnera. Ça t’apportera rien de tenter d’argumenter avec elle pour faire valoir ton point. Tu n’as rien à lui prouver. Tu n’as rien à justifier. Rappelle-toi le point précédent : son message est inutile.

  1. Mets-lui des limites

Que faire si tu ne peux pas argumenter avec elle ? Lui mettre des limites. Des limites claires. Des limites fortes. 

« Cesse de me parler »

« Je ne te permets pas de me parler de cette façon »

« Je ne t’écoute plus »

« Shhh ! tais-toi ! »

Tu peux répéter tes limites autant de fois que nécessaire. Tu dois avoir une voix forte. Il peut même être utile de le faire à voix haute. Je suggère d’avoir 1 ou 2 phrases, sans plus, et de toujours répéter les mêmes.

  1. Va chercher la partie vulnérable en toi

Rappelle-toi qu’il y a une partie vulnérable en toi. Cette partie vit des émotions douloureuses. Elle se sent seule, triste et peut avoir peur. Elle désire être acceptée. Elle a besoin d’être rassurée. Va la voir en toi. Prends sa défense auprès de la partie critique (ce que tu fais en lui mettant des limites claires). Prends-la dans tes bras, berce-la, et dis-lui que tout ira bien. 

***

Cette stratégie peut demander de la pratique. 

C’est tout-à-fait normal. 

Donne-toi du temps. 

Et rappelle-toi que tu en vaux la peine.

Cette technique est un extrait adapté des outils utilisés dans la thérapie des schémas, notamment avec l’approche par les modes. Si tu désires lire davantage sur ce sujet, je te suggère deux livres :

  1. Je réinvente ma vie, de Jeffrey Young et Janet S. Klosko, qui t’informera sur les différents schémas en toi. 
  1. Breaking négative patterns, A Schema Therapy Self-Help and Support Book, de Gitta Jacob, Hannie van Genderen et Laura Seebauer, qui offre plusieurs outils concrets pour gérer ses propres modes (dont le mode critique et le mode vulnérable).

Marie-Michèle Ricard, M.Sc., Ps.Éd.

Psychothérapeute & auteure

www.acceptersoncorps.com

Cofondatrice de la clinique Imavi