Ça tourne, ça tourne dans ma tête.
Je vais être capable.
Je dois continuer.
C’est pas si pire que ça.
Lui, lui souffrait vraiment beaucoup. Tout le monde le voyait. LUI avait besoin d’aide. Pas moi.
Je ne suis plus capable.
J’ai besoin d’aide.
J’ai. Besoin. D’aide.
5 mots.
5 syllabes.
Simple à prononcer, non ?
Pas vraiment, en fait.
Pourquoi est-ce parfois difficile de demander de l’aide?
Les raisons sont multiples. On le répète souvent, un trouble des conduites alimentaires, c’est complexe. Imaginez-vous qu’il représente un mur de briques qui sépare la personne atteinte du reste du monde. Pour certaines personnes, le mur aura une rangée. Pour plusieurs, il en aura 5, 10 ou 20, et malheureusement, pour d’autres, il en aura plus de 40. Qu’on parle de ressources personnelles, de seuil de tolérance, de défenses, de déni ou d’acceptation, le fait est qu’il peut être difficile de demander de l’aide et, surtout, d’accepter cette dernière.
Le rétablissement, c’est un cheminement. Un chemin à parcourir, un pas à la fois. Ce n’est pas une course, surtout pas un marathon. À faire tranquillement, mais sûrement. Le premier pas à faire, celui qui guidera tous les autres, c’est le plus important. C’est celui qui demande à ce qu’on prenne une décision. C’est celui lors duquel on se dit « Ok, j’y vais. À partir de maintenant, je vais m’investir dans cette tâche, afin de la poursuivre du mieux que je peux ».
C’est le déclic.
Le déclic, ce besoin.
Qu’est-ce qui fait qu’on prend la décision d’avancer sur le chemin de la guérison? Qu’est-ce qui fait qu’à un moment donné, on prend la décision de demander de l’aide? Un besoin. Le déclic, c’est un besoin. Un besoin d’être accompagné, un besoin d’être compris, un besoin de s’en sortir. Il peut être difficile à reconnaître, mais il est là.
Est-ce qu’on peut forcer un déclic?
Bien que plusieurs personnes ici auraient le goût de lire « OUI! », la réponse est non. Je dirais même que plus le déclic sera forcé, moins il s’enclenchera. La personne doit être prête. Elle doit pouvoir ressentir cette petite ouverture à l’intérieur. Cette ouverture qui permet à d’autres d’entrer, d’aider. Seule la personne a le pouvoir sur cette ouverture.
Quand le déclic arrivera-t-il?
Dès l’apparition des premiers symptômes. Une fois une complication développée. Quand la personne sera à bout. Avant que la personne ne s’épuise. Le déclic arrivera… quand il arrivera. Pour certaines ce sera tôt, et pour d’autres, ce sera tard. Par contre, une chose est sûre : le déclic, c’est une motivation. Alors quand il arrivera, c’est qu’une étape sera franchie. Bien sûr, on parle d’une étape parmi tant d’autres. Mais n’est-ce pas la plus importante? Celle qui fait qu’on décide d’avancer. Celle lors de laquelle on se dit : OK, j’y vais. Peu importe le nombre d’étapes. Peu importe les difficultés en cours de route. Cette décision, personne ne pourra l’effacer. Cette poussée vers l’avant appartient à celui qui la guide. Elle devient sa force.
Les complications peuvent être extrêmement néfastes, et on sait depuis longtemps que plus tôt l’aide est acceptée, meilleures sont les chances de guérison. « À partir de quand je dois demander l’aide ? » Je répète souvent que poser la question, c’est y répondre.
Marie-Michèle Ricard, M.Sc. Ps.Éd.
Psychoéducatrice, psychothérapeute
Co-fondatrice & co-propriétaire
Imavi