Saviez-vous que l’isolement est l’une des conséquences les plus néfastes des troubles du comportement alimentaire (TCA)? La honte et la culpabilité liées aux comportements alimentaires, l’anxiété des repas partagés, la surveillance des proches et les commentaires sur le poids ou l’alimentation peuvent pousser la personne qui vit un TCA à s’isoler de son réseau social.
La reconstruction du réseau de soutien est une étape incontournable dans processus le rétablissement. La construction d’une « équipe » permet aux personnes vivant un TCA de s’entourer d’un réseau aidant qui répond à leurs besoins. Comme chaque rétablissement est unique, chaque équipe l’est aussi et il n’existe pas de recette magique pour la bâtir. La personne qui vit le TCA est capitaine de son équipe: elle doit identifier ses besoins et décider par qui elle souhaite être accompagnée et quels rôles ces personnes auront à jouer. À cet effet, il faut parfois accompagner la personne qui vit le TCA vers la recherche de ses besoins et l’identification des personnes qu’elle voudra inclure dans son équipe, surtout si le repli sur elle-même et la peur de changer est proéminente (les aidants peuvent alors être perçus comme des menaces).
L’équipe du rétablissement
L’équipe est un groupe composé d’individus qui soutiennent la personne dans son processus de rétablissement. Il n’est pas nécessaire que les membres de l’équipe se connaissent ou travaillent ensemble. Les membres de l’équipe sont composés de proches, de professionnels-les et de ressources. Chaque membre de l’équipe répond à un besoin particulier (ex. un-e ami-e qui est disponible pour écouter répond au besoin d’expression des émotions). L’équipe peut être amenée à changer, puisque les besoins d’une personne en processus de rétablissement évoluent.
L’équipe agit comme filet de sécurité auprès de la personne et est particulièrement utile lorsque la personne vit une rechute ou une période difficile. Le fait d’avoir déjà un réseau actif autour de soi diminue les difficultés à chercher de l’aide en temps de crise. Ce réseau peut même agir comme facteur de prévention.
Voici quelques astuces pour former une équipe de soutien de l’enfer :
Un soutien qui fait du bien!
Il faut d’abord définir les caractéristiques d’un bon soutien. Voici quelques critères qui peuvent être pris en compte :
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- L’écoute
- Le non-jugement
- La confiance
- Le respect
- La compassion
- Le respect des limites
- Les rapports égalitaires
- La reconnaissance des forces
L’affirmation de soi
La capacité de définir et de nommer ses besoins est essentielle au développement et à l’entretien d’une équipe de soutien. La personne doit apprendre à établir ses limites afin d’être en mesure de dire quand une intervention, une relation ou un service ne lui convient pas.
L’affirmation de soi est un processus continu qui demande de la pratique. Pour certaines personnes, l’écriture peut s’avérer un moyen pour faciliter la communication (ex. écrire une liste de besoins à communiquer à son intervenant-e et l’utiliser comme aide-mémoire). Toutes les façons sont bonnes pour y arriver si elles permettent à la personne d’exprimer ses besoins.
Poser les bonnes questions
Cette astuce s’applique principalement au choix des professionnels-les dans l’équipe de soutien. Que ce soit au sein du réseau public, communautaire ou privé, la personne en processus de rétablissement peut toujours questionner les ressources avant de faire un choix.
Arrimage Estrie a élaboré une série de questions à se poser pour faciliter le choix d’un-e professionnel-le ou d’un service.
- Quels sont les motifs qui m’amènent à consulter en ce moment? Quelles sont les approches qui me rejoignent ?
- Comment dois-je procéder pour établir le premier contact ?
- J’aimerais travailler avec quel type de professionnel-le ? (intervenant-e, nutritionniste, psychologue, art-thérapeute, sexologue, médecin, etc.)
- Est-ce que je suis plus à l’aise avec un homme ou une femme ?
- Est-ce que je veux travailler dans un contexte individuel, de groupe, de couple ou de famille ?
- Quels sont les coûts associés à ce suivi ?
- Est-ce que j’ai les moyens de payer ce service ? S’il y a lieu, est-ce que je peux parler ouvertement des enjeux financiers avec cet-te professionnel-le?
- Quel est mon niveau d’engagement dans le processus proposé?
- Quelle est la fréquence / l’horaire proposés pour les rencontres?
- Quels sont mes besoins?
- Quelles sont mes attentes face au service?
- Est-ce que j’ai certaines peurs ou craintes face au service (ex. crainte de devoir être hospitalisé, difficulté à prendre la parole devant un groupe, etc.)? Ces craintes pourront être abordées avec le professionnel.
- Le lieu où sont dispensés les services est-il facilement accessible pour moi? Ai-je sinon un moyen pour me rendre (ex. un ami ou mes parents peuvent m’y reconduire)?
- Y a-t-il d’autres obstacles que je pourrais rencontrer face à mes démarches?
Les groupes de soutien
Les groupes de soutien TCA offrent un lieu privilégié où la personne en processus de rétablissement peut rencontrer des personnes vivant des enjeux similaires et s’exprimer sur sa réalité sans craindre le jugement. ANEB et ses partenaires offrent des groupes de soutien TCA dans plusieurs régions du Québec. Informez-vous.
Écouter sa voix intérieure
Peu importe le choix à faire, il est important de reprendre contact avec soi afin d’arriver à écouter sa voix intérieure. Reprendre contact avec soi peut être un défi important. À l’occasion de cette semaine de sensibilisation aux TCA, l’équipe d’Arrimage Estrie souhaite que les personnes vivant un TCA se reconnectent à elles-mêmes afin que leur voix intérieure leur serve de guide vers le rétablissement!
Sarah Frost, responsable du volet TCA à Arrimage Estrie