Vivre dans une société lorsqu’on fait partie d’une minorité visible

Un entretien avec Chrislène Jean Baptiste, blogueuse, et mannequin de taille plus


Pour la rédaction de cet article, je me suis entretenue avec Madame Chrislène Jean Baptiste, une blogueuse, mannequin de taille plus …et une femme avec beaucoup de substance!

Josée : Bonjour Chrislène, merci de m’accorder cet entretien dans le cadre de la Semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires 2023. La campagne de cette année met de l’avant le fait que les troubles alimentaires peuvent toucher n’importe qui, peu importe son âge, sa culture, sa taille, sa religion, son sexe et son identité de genre. J’aimerais te poser des questions en lien avec ta réalité comme femme appartenant à une minorité visible, mannequin de taille plus, ton image corporelle et les standards de beauté. 

Josée : Quelles sont les plus grands obstacles qu’une femme de minorité visible peut vivre dans une société nord-américaine qui a encore des standards de beauté très définis et peu diversifiés?

Chrislène : Il y a en a plusieurs mais la première chose est que la couleur de ma peau est intégrale à mon identité et des barrières peuvent être posées par des gens qui sont moins ouverts et qui ont plus de préjudices. Il faut souvent me battre pour aller au-delà des apparences; en tant que femme noire et de taille plus. Des codes sociétaux très ancrés, contre lesquels je dois m’affronter et je sens souvent une responsabilité à déconstruire les préjugés des gens sont moins ouverts à la différence.

Josée : 1- Est-ce que tu as déjà ressentie la pression de te conformer aux normes de beauté? et 2- Est-ce que la pression de se conformer a déjà joué sur ton estime de toi et ton image corporelle? 

Chrislène : Absolument, lorsque j’étais jeune, on nous demandait ce qu’on voulait faire étant plus grande et je voulais être mince à tout prix. Comme jeune, tout ce que je voyais c’étaient des gens plus minces et je ne leur ressemblais pas. J’associais la réussite à la blancheur et la minceur et les modèles présentés par les médias ne me ressemblaient pas. Comme si être mince = au bonheur et la réussite. Cependant même petite, j’avais déjà comme rêve d’être mannequin.

La pression de se conformer aux normes de beauté imposées a effectivement joué sur mon estime de moi et mon image corporelle puisque mon idéal était d’être mince et je ne me voyais pas mince. Le combat était entre ce que je voyais dans le miroir versus les médias. La société valorise ce qui est encore dans les médias et on ne se sent pas désirés si on ne fait pas parti de ce qui est représenté, c’est pour cela que je m’efforce de faire passer un message d’acceptation de soi et d’amour propre avant de se fonder une image basée sur les idéaux sociaux.

Josée : Dans ta vie personnelle, est-ce que tu étais entourée de modèles féminins positifs qui te ressemblaient? 

Chrislène : Dans ma famille je suis entourée de bonnes et belles femmes mais ma lutte n’a pas été identifiée ni adressée lorsque j’étais jeune. Cependant, vers l’adolescence, Missy Elliott représentait pour moi une femme forte que j’admirais et qui m’a stupéfait, un bon exemple de femme forte à qui je pouvais m’identifier. 

Josée : Est-ce que tu as été témoin de changements positifs à l’égard de représentations diversifiées dans les médias, depuis ton enfance et maintenant que tu es une femme vivant en 2023? 

Chrislène : Oui j’ai vu un beau changement et maintenant il y a plusieurs personnalités qui, grâce aux réseaux sociaux, ouvrent la voie vers d’autres types de représentations. Par exemple, 

Instagram m’a vraiment aidé à trouver des modèles positifs et de voir toute la diversité corporelle qui existe comme les exemples suivants : Ashley Graham, Paloma Elsesser et Precious Lee, entre autres.  

Josée : Qu’est-ce que tu souhaiterais changer dans les médias ou dans notre société en général pour encourager la diversité des corps et la diversité des cultures représentées? 

Chrislène : J’aimerais qu’on puisse parler de d’autres aspects de mon identité qui vont au-delà de ma culture, la couleur de ma peau ou de ma taille. La diversité est là depuis toujours donc accepter les différences des autres mais aussi de s’intéresser aux autres choses plus importantes comme ses valeurs et ses intérêts. On va au-delà du physique et de la couleur de la peau.

Merci à Chrislène de son temps et de toutes ces actions positives pour encourager la diversité sur tous les plans!


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